Réunion

L’hypocrisie réunionnaise du 20 décembre

Le 20 décembre se veut commémoration de l’abolition de l’esclavage à La Réunion en 1848. A La Réunion dans un premier temps on appelait ça la fête « Kaf ». Aujourd’hui on parle de la fête de la « Liberté ».

Pour mémorielle que soit cette festivité de la fin d’année dans le département de La Réunion, il est des faits qui sautent aux yeux.

La première c’est l’engouement des médias pour mettre en avant uniquement à ce moment-là le maloya, chant et musique créoles issus de l’esclavage ainsi que le moringue, art martial caché des asservis lors de cette période sombre de l’histoire de La Réunion. Ainsi presque tous les médias locaux vanteront l’acquis de cette période sur le plan culturel. D’ailleurs le maloya n’est-il pas inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO ?!!! Reste que tout au long de l’année, le maloya passe à la trappe sur les ondes locales mis à part sur certaines radios associatives notamment radio Pikan.

La deuxième c’est que, pour ce jour mémoriel où l’esclave devient un citoyen à part entière, où il cesse d’être asservi au monde de l’économie, ce jour férié, ne l’est pas vraiment à La Réunion.

Jacko traversant la ville de Trois Mares au rythme des tambours malbars

En effet, la société de consommation dans laquelle La Réunion évolue aujourd’hui fait des Réunionnais, de nouveaux esclaves. Ceux d’une société mercantile dirigée par des grandes marques comme E.Leclerc, Hyper U, Super U, Carrefour, Carrefour Express, Leader Price…

En effet, chaque année, à cette période, les grandes et petites surfaces restent ouvertes tout comme les autres enseignes d’ailleurs.

L’argent est devenu le maître mot de l’asservissement de la société réunionnaise et les travailleurs endettés, n’ont d’autres choix que de se soumettre au diktat du monde des finances et du commerce.

Jacko ramassant de l’argent dans une contorsion

La troisième, c’est l’asservissement des chanteurs locaux traditionnels aux pouvoirs politiques. Il n’est presque pas d’artistes, chanteurs de maloya, qui ne se plient aux exigences des maires, présidents de Région ou Département pour se donner en spectacle contre une éphémère gloire mais pire contre un salaire de misère qui marque bien le mépris de ces derniers à l’égard de ces seconds.

Souvent ces artistes locaux traditionnels gagnent à peine 400 € pour leur prestation.

La quatrième, est le fait que pour fête de la liberté que soit le 20 décembre, aujourd’hui, toutes les manifestations sont encadrées par les pouvoirs publics. La cour des particuliers, le bas des immeubles où là jadis se faisaient entendre les « Roulèr » lors des kabars ont été suppléés par l’espace public imposé par les élus locaux et les législateurs. D’ailleurs la loi punit la pollution sonore et les troubles du voisinage en-dehors de ces lieux dédiés..

Un système bien ficelé pour ne pas dire enchaîné, une communication bien rodée qui font qu’aujourd’hui le 20 décembre est devenu comme toutes les fêtes que l’on connait en Occident, une fête commerciale, la flamme d’une hypocrisie abyssale.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *