1195 pétrels de Barau sauvés
Cette année, 1351 jeunes pétrels de Barau ont été récupérés et pris en charge par le réseau de sauvetage du centre de soins de la SEOR entre le 2 avril et le 15 mai 2024 (soit sur 44 jours).
Taux de survie :
Sur les 1351 oiseaux signalés, 1195 ont pu être sauvés et relâchés, soit un taux de 88% (Graphique 1). En ne prenant en compte que les oiseaux pris en charge vivants, le taux de réussite de sauvetage est de 92%.
Les 156 oiseaux qui n’ont malheureusement pas survécu se décomposent comme suit :
- 49 oiseaux ont été signalés morts ;
- 77 sont morts avant leur arrivée au centre de soins au cours de leur rapatriement ;
- 30 oiseaux sont morts malgré les soins et traitements prodigués dont 3 individus qui ont du être directement euthanasiés en raison des blessures sévères ne laissant pas d’espoir de survie dans la nature.
REMARQUE :
Comme les années précédentes, et certainement grâce à la communication mise en œuvre, il est constaté une implication significative de la population pour nous signaler également des oiseaux morts. En 2024, 4% des signalements concernent des oiseaux découverts morts (49 individus sur les 1351).
Comparaison entre le nombre de signalement prévisionnel et la prise en charge réelle :
La synthèse des données cumulées lors d’années similaire en termes de temporalité des phases lunaires (2016 et 2021) avait permis d’établir des estimations et donc un prévisionnel des échouages, qui pour 2024 s’annonçait entre 580 et 830 pétrels du 1er avril au 12 mai.
Dans les faits, en 2024, si la période d’intensité maximale des échouages a bien correspondu aux prévisions (13-20 avril), le nombre total d’oiseaux échoués a été considérablement supérieur au pire des scénarios envisagés.
Cet excédent d’échouages peut s’expliquer, entre autres, par deux phénomènes qui se sont combinés :
- La météo défavorable : une couche nuageuse a fréquemment masqué la lueur naturelle de la lune et des étoiles qui sont utilisées par les jeunes pétrels pour se guider vers l’océan. Dans les zones éclairées, cette couche nuageuse a de plus pour effet de générer un halo lumineux accentuant la désorientation des Pétrels ;
- A Cilaos, commune la plus proche des colonies de pétrels et où les éclairages sont donc les plus impactants pour les jeunes oiseaux, les dispositifs d’éclairage publics et privés sont restés allumés contribuant ainsi à l’échouage de la majorité des oiseaux pris en charge cette année (58%).
Un pic d’échouage de jeunes oiseaux a eu lieu durant 4 nuits consécutives du mois d’avril, avec 856 oiseaux pris en charge du 14 au 17 dont 74% sur la commune de Cilaos.
Bilan des signalement par commune en fonction du nombre de pétrels signalés
Pour cette saison d’envol des jeunes pétrels de Barau, le secteur ayant regroupé la majorité des échouages est la commune de Cilaos avec 788 oiseaux pris en charge, soit 58% du total, et cela malgré nos multiples alertes exprimées avant et tout au long de la saison notamment lors du pic d’échouages du 14 au 17 avril lors duquel 635 oiseaux se sont échoués à Cilaos.
Sur le secteur Est, la commune qui regroupe le plus de signalements est la commune de Salazie avec 102 oiseaux.
Sur le secteur Nord, la commune regroupant le plus de prises en charge est la commune de Saint-Denis avec 46 pétrels de Barau.
Sur le secteur Ouest, les communes sur lesquelles l’on dénombre le plus de signalements sont les communes de Saint-Paul et Le Port avec respectivement 70 (dont 23% sur le secteur de Mafate) et 65 pétrels recueillis.
Opération « Nuits sans lumière » (du 04 avril au 3 mai 2024) :
Les « Nuits sans lumière » ont débuté le 04 avril au soir jusqu’au 3 mai au soir dans l’objectif de sensibiliser la population à la problématique de la pollution lumineuse et aux efforts de réduction voire d’extinction des éclairages.
Au cours de cette opération, planifiée en fonction du prévisionnel des envols du mois d’avril, nous avons récupéré 1327 jeunes pétrels de Barau, soit 98% du nombre total d’oiseaux signalés pendant cette saison.
Conclusion
Pour l’année 2024, 1351 jeunes pétrels de Barau ont été pris en charge par le centre de soins de la SEOR.
Le taux de survie des oiseaux pris en charge au centre de soins est de 92% pour cette année.
On note une très bonne concordance entre les dates des «Nuits sans lumière » et la période d’échouage : 98% des oiseaux signalés l’ont été durant cette opération.
Il est important de retenir que les modèles produisant une courbe et un nombre prévisionnels d’échouage n’intègrent pas certains paramètres non prévisibles tels qu’une météo défavorable et efforts d’extinction réalisés ou pas par les communes et la population. L’effet d’une mauvaise météo peut toutefois être très largement atténué s’il n’y a pas d’éclairages artificiels. Les données de 2024 démontrent une nouvelle la nécessité de limiter le plus possible les éclairages artificiels durant l’ensemble de la période d’envol des jeunes pétrels, notamment sur les zones les plus sensibles où les effets de la pollution lumineuse peuvent être dévastateurs comme dans le cirque de Cilaos.
Cette opération de sauvetage est essentielle pour la conservation du Pétrel de Barau et doit être reconduite chaque année. En parallèle, il est essentiel de poursuivre le travail de rénovation et d’adaptation des éclairages publics et privés afin de réduire la pollution lumineuse. Enfin, il est primordial d’adapter nos pratiques notamment sportives durant cette période afin de limiter l’impact des éclairages associés sur la biodiversité.
La SEOR reste disponible pour rencontrer et accompagner l’ensemble des communes et des partenaires privés dans le but de leur apporter les éléments de bilan ou des préconisations à mettre en œuvre pour limiter le risque d’échouage lors de la prochaine saison d’envol des pétrels de Barau (contact : Léo CHEVILLON, Chargé de mission Oiseaux marins – chevillonl@seor.fr).
Rappel sur la problématique de la pollution lumineuse et les échouages des pétrels
En avril, la SEOR met en œuvre chaque année une campagne de sauvetage afin de sauver un maximum de jeunes pétrels de Barau.
En 2024, la SEOR a souhaité poursuivre des actions de sensibilisation à la problématique de la pollution lumineuse. Ces actions visent en premier lieu à sensibiliser la population au phénomène d’échouage de ces oiseaux et aux gestes à mettre en œuvre pour limiter celui-ci.
C’est aussi l’occasion de repenser collectivement à la façon d’éclairer nos villes afin de limiter l’impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité, sur la santé et le climat. Cette opération vise également à inciter l’ensemble des partenaires à réaliser des actions de réduction de l’éclairage durant le mois d’avril.
Le Pétrel de Barau
Le Pétrel de Barau est une espèce d’oiseau marin endémique de La Réunion, classée « en danger d’extinction » par l’IUCN depuis 2000.
En avril lors de leur premier envol, les jeunes pétrels peuvent être désorientés par les lumières artificielles qu’ils confondent avec le reflet des astres. Ils s’échouent alors au sol et sont incapables de reprendre seuls leur envol. Livrés à eux-mêmes, ils sont voués à une mort certaine.
Réglementation sur la pollution lumineuse
Pour limiter la pollution lumineuse et ses impacts sur la biodiversité, les éclairages extérieurs sont strictement réglementés de manière générale et en tout temps par l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la prévention, à la réduction et à la limitation des nuisances lumineuses. Les éclairages blancs (> 3000 Kelvin), non orientés face au sol ou encore éclairant la plage sont par exemple strictement interdits. Le non-respect de cet arrêté peut désormais être sanctionné par une contravention de 5ème classe et faire l’objet d’une mise en demeure et d’une astreinte journalière de la part de l’autorité administrative compétente.
SI vous constatez un éclairage non conforme, prenez-le en photo et signalez-le sur www.pollum.re/signalement |