Face aux féminicides, l’éducation comme planche de salut
Encore une fois, notre territoire a été frappé ce jeudi 18 juillet par un féminicide. Encore une fois, une femme, croyant à la fin de son cauchemar en trouvant un nouveau logement, a été tuée par son ex-compagnon. Encore une fois, la société est meurtrie. Encore une fois, la société s’est montrée impuissante face à cette tragédie.
Nous ne pouvons plus tolérer cette violence. Il est temps de regarder en face les causes profondes de ces actes et de reconnaître que l’éducation de nos enfants est au cœur du problème. Le Dr. Michael C. Reichert, psychologue, dans son livre « How to Raise a Boy: The Power of Connection to Build Good Men » souligne l’importance de l’empathie et de l’expression des émotions chez les garçons pour prévenir la violence.
Concernant les filles, on doit faire face à un autre genre de stéréotypie qui se révèle tout aussi délétère.
Souvent les filles sont encouragées à être polies et dociles, à se conformer aux attentes sociales plutôt qu’à affirmer leurs propres besoins. Cette éducation peut perpétuer des dynamiques de pouvoir inégal. Par exemple, des études comme celles de Carol Gilligan et Angela Duckworth mettent en évidence l’importance de l’affirmation de soi pour le développement personnel et social des filles. Comme le souligne Carol Gilligan : « La voix des filles commence souvent à être étouffée à l’adolescence, lorsqu’elles apprennent à se conformer aux attentes sociales et à minimiser leurs propres besoins pour maintenir les relations. » (In a Different Voice, 1982)
Quels seraient dès lors les fondements d’une société au sein de laquelle tout un chacun pourrait s’y sentir en sécurité ?
Nous devrions repenser l’éducation de nos enfants dans deux endroits « clé » : à la maison et à l’école. Cette éducation doit commencer dès le premier âge, afin que ces valeurs soient profondément ancrées chez les enfants dès leur plus jeune âge.
Nous avons tous un rôle à jouer pour éradiquer cette violence. Cela commence par refuser les blagues sexistes, par dénoncer les comportements agressifs et par soutenir les initiatives qui promeuvent l’égalité des genres. Il est essentiel de comprendre que chaque acte compte, que chaque parole peut avoir un impact, et que le silence et l’inaction sont complices de la perpétuation de cette culture violente.
Encore une fois, nous pleurons une vie perdue. Encore une fois, nous constatons notre impuissance. Mais cela doit cesser. Engageons-nous dès aujourd’hui à changer les choses. Éduquons nos garçons et nos filles autrement. Cessons de perpétuer des modèles de masculinité toxique et de féminité soumise. Pour la sécurité de toutes les femmes, et pour l’avenir de notre société, nous devons agir maintenant.
La lutte contre les féminicides est une lutte pour une société plus juste et plus humaine. Nous devons éduquer nos enfants à aimer et respecter, à voir les femmes comme des égales et non comme des objets de domination.
Cette tragédie met de nouveau en lumière la difficulté de mener un combat féministe. Comme l’a souligné Wangari Maathai, « Cela nous montra combien il est difficile de mener un combat féministe dans une culture où les femmes sont habituées à se contenter du peu qui leur est concédé et où, par définition, une femme respectable est avant tout une épouse soumise qui ne réclame rien. » Face à cette réalité, nous Génération Ecologie La Réunion nous nous affirmons avec détermination dans l’écoféminisme, en cherchant à déconstruire les structures qui oppriment les femmes et exploitent la nature. Nous croyons fermement que la lutte pour l’égalité des sexes et la protection de l’environnement sont indissociables pour créer un monde plus juste et équitable pour toutes et tous.
Rappelons-nous que le terme féminicide a été introduit principalement pour mettre fin à l’invisibilité des « drames familiaux » et attirer l’attention de toute la société sur ces tragédies. Aujourd’hui, les victimes de tentatives de féminicide et les proches des victimes prennent la parole, mais la prise en charge par les pouvoirs publics reste insuffisante.
Enfin il nous est essentiel de souligner que le mot féminicide n’a pas encore été intégré dans le code pénal. Cette absence juridique empêche une reconnaissance complète de la spécificité de ces crimes et limite l’efficacité des mesures de prévention et de répression. Il est crucial que notre législation évolue pour refléter la réalité des violences faites aux femmes et envoyer un message clair que la société et ses institutions ne toléreront plus ces actes barbares.
Vincent Defaud, Responsable Outre-Mer pour le Conseil National de Génération Ecologie et Référent Départemental de Génération Ecologie La Réunion & Jessica Sarpédon, Référente Adjointe Sud de Génération Ecologie La Réunion