Réunion

Les maçons réunionnais d’antan, des mathématiciens qui s’ignoraient

Dans les années 1960-1970, à La Réunion, les minima sociaux n’existaient pas. À cette époque, beaucoup de parents ne voyaient pas l’intérêt de laisser leurs enfants trop longtemps à l’école. Nombre d’entre eux étaient analphabètes et avaient dû, dans leur jeunesse, travailler très tôt pour subvenir aux besoins de leur famille.

En 1960, La Réunion connaît un véritable boom économique. De nombreux chantiers voient le jour pour rattraper le retard sur l’Hexagone.

Dans ce contexte, des enfants de 12 ans quittaient l’école pour chercher un emploi, souvent dans le bâtiment. C’est là que beaucoup, avec une connaissance limitée de l’écriture et des mathématiques, faisaient leurs premières armes. Ils se forgeaient un caractère et apprenaient en observant et en répétant ce que faisaient leurs aînés. Souvent, ils acquéraient leurs compétences de manière empirique, sans trop se poser de questions.

C’est aussi sur ces chantiers que nombre d’entre eux ont maîtrisé l’un des théorèmes les plus célèbres, celui de Pythagore. Bien que ce théorème soit attribué au mathématicien grec Pythagore, il était en réalité déjà connu des Babyloniens environ 1 000 ans avant sa naissance. Le théorème de Pythagore stipule que dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l’hypoténuse (le côté opposé à l’angle droit) est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés. Formellement, si un triangle a pour côtés les longueurs A, B (les deux côtés formant l’angle droit) et C (l’hypoténuse), alors A² + B² = C².

Sur les chantiers, les maçons réunionnais appliquaient ce théorème sans le savoir en utilisant la méthode dite du « 3, 4, 5 ». Cette méthode consiste à mesurer un angle droit en s’assurant que les côtés adjacents à cet angle mesurent 3 unités et 4 unités, et que l’hypoténuse mesure 5 unités. Cela fonctionne parce que 3² + 4² = 9 + 16 = 25, et que la racine carrée de 25 est bien 5. Si ces mesures sont respectées, l’angle est garanti d’être droit.

Sans s’en rendre compte, les anciens maçons réunionnais appliquaient cette méthode pour vérifier la rectitude des angles et positionner les fameuses « chaises » servant à délimiter les constructions futures. Il suffit de faire le calcul pour comprendre qu’ils appliquaient une formule mathématique dans le bâtiment, presque instinctivement.

Ah, ces sacrés maçons réunionnais !

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