Tribune

Génération Écologie exige la nationalisation d’Albioma pour préserver la souveraineté énergétique de nos territoires

Depuis l’annonce en 2022 de la vente d’Albioma à un fonds d’investissement américain, Génération Écologie s’est immédiatement élevée contre cette décision, malheureusement dans une indifférence quasi générale. Cette cession, qui a livré un pilier stratégique de notre production énergétique aux mains des financiers de Wall Street, illustre une fois de plus l’abandon par les pouvoirs publics de la souveraineté énergétique des Outre-mer, sacrifiée sur l’autel du profit à court terme. Il est intolérable que des structures vitales pour nos économies et nos territoires soient bradées à des intérêts étrangers, dont le seul et unique objectif est de maximiser les bénéfices au détriment de nos ressources, de nos travailleurs, et de notre avenir.

Aujourd’hui, les conséquences désastreuses de cette privatisation forcée sont sous nos yeux. Les financiers américains, totalement déconnectés des réalités locales, n’ont ni respect ni attachement pour nos territoires ou pour les salariés d’Albioma en Guadeloupe, en Martinique et à La Réunion. Ces investisseurs se soucient peu des besoins de nos populations et encore moins de l’avenir de nos filières locales. Leur logique froide et implacable de rentabilité a mené à un climat de tension sociale insupportable, avec pour seule finalité l’extraction maximale de profits.

Nous comprenons et soutenons pleinement les revendications légitimes des travailleurs d’Albioma, dont les droits sont piétinés par des actionnaires aveugles et sourds aux réalités humaines et économiques. Au-delà des impacts immédiats sur les employés, c’est l’ensemble de la filière canne à sucre à La Réunion qui est menacée de ruine. Cette filière, déjà en grande difficulté, se retrouve au bord du précipice en raison de ce conflit social qui paralyse la production énergétique et aggrave la crise que subissent les planteurs de canne. Comment accepter que cette agro-industrie, certes controversée, mais si cruciale pour notre économie, pour notre histoire, et pour l’identité de nos territoires soit ainsi mise en danger par des décisions purement financières prises à des milliers de kilomètres de nos terres ?

Face à cette situation de crise, Génération Écologie exige une intervention immédiate de l’État. Nous appelons le gouvernement à ne pas rester inactif et à agir pour la résolution rapide de cette grève. Mais il ne s’agit pas seulement de gérer une crise conjoncturelle. Ce qu’il faut, c’est une prise de décision forte et stratégique pour préserver la souveraineté énergétique de nos territoires. Comme l’État a su nationaliser partiellement Sanofi au nom de la souveraineté sanitaire, il est temps d’agir de la même manière ici, au nom de la souveraineté énergétique.

Nous réclamons la nationalisation d’Albioma, une mesure urgente et nécessaire pour que la gestion de cette entreprise revienne entre des mains respectueuses des intérêts de nos territoires et de nos populations. Nous refusons de laisser notre avenir énergétique être dicté par des fonds de pension étrangers qui ne voient dans nos ressources qu’une simple ligne de profit. La souveraineté énergétique de nos îles est un enjeu vital et ne saurait être sacrifiée à la logique du capital international.

L’heure est venue pour l’État de prendre ses responsabilités et de garantir que les ressources énergétiques de nos territoires soient gérées avec respect, dans l’intérêt collectif et non dans celui de quelques actionnaires lointains.

Vincent DEFAUD, responsable Outre-mer du conseil national de Génération Écologie, référent départemental de Génération Écologie La Réunion

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