Le soubik : le sac écologique réunionnais
La Réunion n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui. Si de nos jours, la publicité a envahi son territoire, si les grandes surfaces monopolisent le regard des habitants, si la malbouffe a fini par remplacer les plats équilibrés que consommaient les Réunionnais, si la majorité d’entre eux a adopté des modes extérieurs pour le meilleur et peut-être aussi pour le pire, et si les minima sociaux ont réussi à leur enlever leur dignité en leur faisant croire qu’ils étaient incapables et assistés, il faut se rappeler qu’avant l’influence des campagnes de communication déferlant sur les écrans de télévision et maintenant sur les réseaux sociaux, les Réunionnais étaient des gens simples qui savaient se contenter de peu. Du moins, jusqu’aux années 1980.

On peut dire que les Réunionnais étaient avant l’heure des écologistes. Peu avaient des voitures, et beaucoup se déplaçaient à pied. Pour travailler, ils n’avaient que la force de leurs bras, et aucun d’eux n’avait honte de se lever tôt pour gagner leur bol de riz.
Lorsqu’ils se déplaçaient, ils ne connaissaient pas beaucoup de luxe. Pour transporter leurs courses, ils utilisaient leur fameux soubik, qui signifie « panier » en malgache. C’était un panier simple, tressé à partir de feuilles de vétiver ou de vacoa, un travail de patience appris de génération en génération. Solide et pratique, il accompagnait les Réunionnais dans leur petite vie tranquille. Malheureusement, avec l’avènement du tout plastique et l’apparition des grandes surfaces, le soubik a progressivement disparu.
Pourtant, dans des lieux de pique-nique comme l’Anse des Cascades, certains continuent de proposer des soubiks, certes sous des styles différents, mais profondément imprégnés de ce savoir-faire ancestral, à des prix très modiques compte tenu du travail qu’ils nécessitent. Le réadopter serait en soi un geste pour la nature, étant donné sa biodégradabilité, et pour La Réunion, qui ne cesse de voir son territoire détérioré par des artefacts difficilement dégradables. Par ailleurs, acheter l’un de ces soubiks permettrait de faire gagner dignement leur pain à ceux qui les vendent.
Redécouvrir le soubik, c’est également renouer avec un mode de vie plus durable et respectueux de l’environnement. En intégrant ce panier dans notre quotidien, nous valorisons un savoir-faire local et soutenons des artisans qui perpétuent une tradition précieuse. Ce retour aux sources nous invite à repenser notre consommation et à privilégier des choix plus conscients et responsables.
En adoptant des pratiques comme celle-ci, nous contribuons à préserver notre belle île. En fin de compte, le soubik n’est pas qu’un simple accessoire ; c’est un symbole de notre identité, un lien avec notre passé et un pas vers un avenir plus durable. Choisir le soubik, c’est faire un acte fort pour notre environnement et notre culture.