Adeline, 15 ans : l’effroyable histoire d’une esclave torturée à La Réunion »
La Réunion, souvent perçue comme une île paradisiaque, cache dans son histoire des faits monstrueux liés à l’esclavage.
Le 11 décembre 1814, Adeline, 15 ans, et Suzanne, 20 ans, franchissent les portes du commissariat de Saint-Denis. Toutes deux sont esclaves de François Pasquet, un homme de 50 ans résidant à Bois-de-Nèfles.
Adeline peine à marcher. Interrogées par le commissaire sur les raisons de leur venue, elles dénoncent les traitements cruels infligés par leur maître. Adeline accuse François Pasquet de l’avoir attachée à une échelle, fouettée avec violence, puis brûlée aux parties génitales à l’aide de feuilles de fataque séchées. Cette torture lui a laissé des blessures graves, rendant ses déplacements extrêmement douloureux.
Pour appuyer ses accusations, Adeline montre ses plaies au commissaire, qui ordonne un examen médical par Monsieur Esquien, chirurgien de l’hôpital civil. Suzanne, de son côté, confirme les sévices dont Adeline a été victime, affirmant avoir été témoin des actes de François Pasquet.
François Pasquet est convoqué devant la police correctionnelle. Lors de son audience du 17 mars 1815, il conteste les accusations. Il reconnaît avoir puni Adeline pour un acte de marronnage, mais nie catégoriquement l’avoir brûlée.
Pour se justifier, Pasquet explique que l’expression « donner une bonne brûlée » qu’il avait utilisée signifiait simplement administrer une sévère flagellation. Cependant, les témoignages et les analyses des experts révèlent des incohérences. Ces derniers soulignent que l’accusé a mélangé les termes « fouetter » et « brûler » pour semer la confusion. Par ailleurs, des témoins rapportent que Pasquet avait explicitement affirmé avoir fait les deux à Adeline.
La suite du procès et la peine éventuelle de François Pasquet ne sont pas connues, les archives ne le mentionnant pas. Cependant, ce cas illustre le quotidien brutal auquel les esclaves étaient soumis, où la cruauté des maîtres restait souvent impunie.
Quant à Adeline, son destin demeure incertain. Ce qui reste, c’est le courage dont elle a fait preuve en osant dénoncer son bourreau devant des autorités coloniales qui, pour la plupart, soutenaient l’ordre esclavagiste.
Cette tragique histoire rappelle que La Réunion, bien avant de devenir un symbole d’évasion et de rêve, fut le théâtre d’atrocités commises sous le joug de l’esclavage. Les cicatrices laissées par ce passé ne peuvent être oubliées, et les récits comme celui d’Adeline témoignent de la résistance et de l’humanité des victimes face à une cruauté inhumaine.