Tribune

Politique du logement à La Réunion : pour une souveraineté foncière de notre territoire

À l’heure où les polémiques enflent, alimentées par des relents nauséabonds et xénophobes, il est impératif que nos élus locaux réagissent enfin avec la hauteur et la responsabilité que requièrent les enjeux actuels. Nos maires sont soumis à la pression d’administrés refusant l’accueil de personnes d’autres communes sur leur territoire. La population de nos quartiers est elle-même en attente de logements et ceci depuis des années pour certaines demandes.

Les maires de droite, ceux de la macronie et leurs syndicats (l’Association des maires et le Département de La Réunion) ont accueilli avec enthousiasme le rachat des sociétés des bailleurs sociaux de l’île par l’État via la CDC Habitat, opérateur du logement social de la Caisse des Dépôts et Consignations, organisme étatique collecteur du Livret A, à partir de 2018 et Action Logement, collecteur unique du 1 % logement, à partir de 2021. Désormais, la SIDR, la SEMADER, la SODIAC, la SEMAC et l’ancien parc immobilier privé Apavou pour la CDC Habitat et la SHLMR ainsi que certaines résidences du promoteur CBO Territoria pour Action Logement sont dirigés par la haute administration de l’État, privant ainsi les élus locaux de toute influence sur ces structures essentielles. Cette situation est extrêmement préoccupante. Dès le début, les écologistes ont dénoncé avec vigueur cette renonciation à une politique locale du logement et de l’aménagement du territoire, un abandon stratégique aux conséquences lourdes.

L’enjeu fondamental de l’accès au logement pour les familles réunionnaises et les jeunes nous échappe aujourd’hui à cause de l’incompétence des maires, qui se sont laissés piéger par la politique de recentralisation du logement menée par Emmanuel Macron depuis son arrivée au pouvoir en 2017. Ne maîtrisant plus ce domaine, ils tentent désormais de se dédouaner en adoptant un discours populiste, frôlant parfois l’illégalité. Pourtant, la loi est faîte pour les plus fragiles d’entre-nous. Ainsi un dispositif comme la loi DALO (Droit Au Logement Opposable) permet d’attribuer en urgence un logement à une femme victime de violences intrafamiliales.

Ce n’est pas une table ronde avec la préfecture ou la menace – illégale – d’un maire de refuser de délivrer les permis de construire de résidences sociales qui résoudront la question de l’attribution des logements sociaux à La Réunion. Seule une négociation ferme entre les dirigeants politiques locaux et le gouvernement pourra permettre de redéfinir les compétences en matière de logement et de foncier pour notre territoire.

Face à l’impuissance des maires soumis à la macronie et cédant à une pression xénophobe d’une partie de leurs administrés, les élus en viennent à proposer des solutions irréalistes. Il est temps de choisir de nouveaux dirigeants municipaux capables de mener des négociations fermes avec l’État afin de reprendre le contrôle de la politique du logement social et de l’aménagement du territoire à La Réunion. Cela passe nécessairement par un transfert de compétences. L’objectif est aussi de préserver notre identité créole réunionnaise, fondée sur le vivre-ensemble et la solidarité.

incent Defaud, Référent Outre-Mer & Réunion de Génération Écologie, ancien conseiller municipal de L’Étang-Salé

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