Tribune

Blocage des garanties d’emprunt pour le logement social : les maires « départementalistes » jouent contre l’intérêt général

À La Réunion, certains maires dits « départementalistes » – notamment ceux du Tampon et de L’Étang-Salé – menacent de bloquer les garanties d’emprunt indispensables à la construction de logements sociaux. Leur objectif ? Faire pression sur l’État et les bailleurs sociaux pour reprendre la main sur la gestion de l’habitat, notamment en matière de construction et d’attribution des logements.

Mais derrière cette manœuvre se cache une stratégie électoraliste bien rodée. Elle n’a rien à voir avec l’intérêt général.

Double discours et lourdes responsabilités

Ces mêmes maires sont directement impliqués dans les politiques qu’ils dénoncent aujourd’hui. Ils sont à la fois donneurs d’ordres, acteurs et juges d’un système qu’ils ont eux-mêmes façonné.

Refuser de signer des permis de construire pour des logements sociaux, c’est violer la loi SRU. Et ce n’est pas sans conséquences : le non-respect de cette loi expose la commune à de lourdes amendes, financées par les impôts des contribuables. Pire encore : le préfet peut se substituer au maire et reprendre la main sur les autorisations d’urbanisme. C’est une perte de souveraineté locale, provoquée par l’irresponsabilité de certains élus.

Qui a abandonné la compétence logement ? Eux.

Les Réunionnaises et Réunionnais doivent savoir que ce sont ces mêmes élus – maires et conseillers départementaux – qui, il y a quelques années, incapables de gérer des sociétés HLM, ont sciemment abandonné la compétence logement. En ouvrant le capital de nos bailleurs sociaux historiques (SIDR, SHLMR, SEMADER, SODIAC, SEMAC) à des groupes nationaux comme CDC Habitat et Action Logement, ils ont volontairement transféré le pilotage du logement social à des directions parisiennes, éloignées des réalités locales.

Aujourd’hui, ils crient au scandale pour mieux masquer leur propre renoncement. Leur réveil soudain n’est pas une prise de conscience, c’est une tentative de reprise en main à l’approche des élections municipales.

Logement social : enjeu de société, pas outil de clientélisme

La crise du logement à La Réunion est une urgence sociale. Refuser de construire, c’est aggraver cette crise. Empêcher les projets pour des raisons politiques, c’est sacrifier la mixité sociale, creuser les inégalités et compromettre le vivre ensemble réunionnais.

Soyons clairs : certains élus veulent aujourd’hui remettre la main sur les attributions de logements sociaux pour favoriser leur entourage, leurs réseaux, leur base électorale. Mais les citoyens ne sont pas dupes.

Il est temps d’assumer. Il est temps d’agir.

Les élus ont un devoir de responsabilité. Faire respecter la loi, construire pour les familles réunionnaises en anticipant les conséquences du réchauffement climatique, préserver non seulement les espaces naturels et agricoles mais aussi l’équité territoriale : voilà les vraies priorités. Pas des coups de bluff politiciens. Pas des blocages irresponsables. Encore moins des sanctions financières qui viendraient alourdir la facture des contribuables.

La Réunion mérite mieux que des élus qui sabotent l’avenir pour sauver leur siège.

Vincent Defaud

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