L’aéroport de Pierrefonds prend le fond, malgré les millions investis
D’abord simple aérodrome militaire, l’aéroport de Pierrefonds a été ouvert au trafic commercial lors de son inauguration le 19 décembre 1998.
Ce projet, voulu par onze communes du Sud et porté par des figures politiques locales comme Élie Hoarau, maire de Saint-Pierre à l’époque, et André Thien Ah Koon, maire du Tampon, a bénéficié du soutien des instances locales — la Région Réunion et le Département — à travers la création du Syndicat mixte de Pierrefonds chargé de sa gestion.
Depuis 2010, la Région Réunion a mobilisé au moins 12 millions d’euros pour la modernisation de cette infrastructure. Le 6 mars 2021, une convention d’accord-cadre de 83,2 millions d’euros a encore été signée entre la Région et le Syndicat mixte pour un programme d’investissement global s’étalant de 2021 à 2027.
Durant ses meilleures années, l’aéroport accueillait ponctuellement plus de cent mille passagers par an, principalement en provenance de Maurice, Rodrigues et Mayotte.
Mais depuis la crise du Covid, l’activité s’est considérablement fragilisée, sans que les décideurs — notamment Patrice Thien Ah Koon, président du Syndicat mixte de Pierrefonds, et David Lorion, président de la CIVIS et maire de Saint-Pierre — ne parviennent à redresser la barre.
Résultat : le 25 février 2025, le Syndicat mixte de Pierrefonds est placé en redressement judiciaire, mettant en péril l’existence même de cet outil que beaucoup voyaient comme un moteur de développement pour le Sud. Il faut dire que la gestion a souvent été critiquée, et que plusieurs rapports techniques et financiers ont fini par mettre en doute la viabilité économique de cette seconde plateforme aéroportuaire du département.
Le constat est amer : l’échec des décideurs du Syndicat mixte face à un projet qui aurait pu — et dû — faire décoller le Sud de La Réunion.
Aujourd’hui, l’aéroport de Pierrefonds n’est plus que l’ombre de lui-même, malgré les investissements colossaux engagés.
Une fois de plus, cette fin pitoyable illustre l’incapacité chronique de certains élus locaux, notamment du Sud, à transformer les ambitions en réussites concrètes, et à gérer efficacement les grands projets censés préparer l’avenir de leur territoire.
