Politique

André Thien Ah Koon, une légende vivante

De tous les maires ayant géré la commune de Le Tampon, André Thien Ah Koon détone par sa longévité mais aussi sa pugnacité politique.

Âgé aujourd’hui de 82 ans, l’homme qui a été chef d’entreprise à l’âge de 14 ans après le décès de son père, donne du fil à retordre à qui voudrait prendre sa place.

Il faut dire que le personnage a été éduqué à la dure. Ces parents venus de Canton dans les années 1930 pour s’installer à La Plaine des Cafres et ouvrir boutique lui inculquent les valeurs du travail et de l’honneur.

S’il quitte l’école chinoise très tôt pour faire face à ses obligations au sein de l’entreprise familiale, ceci ne l’empêchera pas d’obtenir en 1967 un diplôme en administration des entreprises.

Mais ce n’est certainement pas ce diplôme qui fera de lui la légende d’aujourd’hui. Ce sont ces engagements politiques qui vont le mettre au-devant de la scène.

A 28 ans, celui-ci participe à la création de l’Union des jeunes pour le progrès, organise le festival de l’Océan Indien et crée le syndicat des agriculteurs de La Plaine des Cafres. Rien que ça.

Si en 1970 il échoue à être élu conseiller général sur le canton de La Plaine des Cafres ce ne sera que partie remise puisqu’en 1976 il accède enfin à ce sésame.

Commence alors pour lui une ascension fulgurante. En 1983 le voilà maire de Le Tampon un fauteuil qu’il ne quittera pas de sitôt du moins pas avant le 10 janvier 2006 suite à la décision de la Cour d’appel de Saint-Denis qui le condamne à deux ans de prison avec sursis, 100 000 € d’amende et une inéligibilité de trois ans.

En 1986, il est élu député de la 3ème circonscription et ne quittera sa fonction le 27 juin 2006 du fait de ses soucis judiciaires.

Mais André Thien Ah Koon n’est pas un homme à se laisser abattre. Son éducation, ses valeurs ne l’y autorisent pas.

Dans l’ombre, après avoir donné les clés de la mairie à son fils spirituel, Didier Robert, et après avoir jugé que cette décision n’était finalement qu’un désastre, il travaille à son retour.

Fin limier de la politique, ni de gauche, ni de droite, ni du centre, mais plutôt homme de consensus, il revient sur le devant de la scène en 2010 dans le cadre des élections régionales. Il est élu conseiller régional pour en 2011 conseiller général. Ces élections ne sont que les prémices d’un retour à la mairie de Le Tampon.

En effet, en 2014 le voilà réélu maire de Le Tampon avec 49.8 % de suffrages exprimés. Cette élection le propulse à la tête de la Casud.

Et l’homme signe à nouveau l’exploit en 2020. Au sortir de l’élection municipale il obtient alors 65.6 % des voix. Une claque pour ses adversaires qui le voient progresser de 31.72 % par rapport à l’élection antérieure. Aucune alliance de l’opposition ne semble l’ébranler. Tout semble le conforter à son poste. Fin stratagème, il sait faire sien et faire taire les dissidences.

Même le parti socialiste lui a fait allégeance au travers de l’ancien député de la 3ème circonscription.

Fin gestionnaire, André Thien Ah Koon a vu sa commune être reconnue en 2020 par la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (iFrap) comme étant la mieux gérée du département de La Réunion. Une belle récompense après que la commune –  qu’il avait donné à son dauphin – fut proche du chaos et de la mise sous tutelle avant qu’il ne la reprenne en main.

Visionnaire, comme Paul Vergès, fonceur comme aucun homme politique contemporain à La Réunion au point parfois de passer outre les protocoles, l’homme voudrait voir sa ville mis au diapason de toutes les villes de La Réunion.

Après avoir mise en place Florilèges, Miel vert, après avoir fait la jonction du boulevard Roland Garros d’avec le chemin Isautier et l’idée de poursuivre cette route jusqu’à Epidor Hoarau, après avoir commencé à aménager avant tout contrôle le belvédère de Bois-Court, il rêve de tours jumelles sur sa commune, d’un parc de loisir à La Plaine des Cafres genre Puy du Fou au grand dam des défenseurs de la nature, il veut que Le Tampon abrite le plus grand parc de palmier de La Réunion au point d’augmenter la superficie de l’actuel parc de quelques hectares, il veut qu’en été les gens affluent sur sa commune pour prendre l’air et fuir la la sous-préfecture de Saint-Pierre, il veut, il veut… mais aura-t-il suffisamment de temps.

Outre son âge qui ne prédispose aucunement d’une incapacité, cette légende vivante du monde économique et politique de La Réunion est sous le coup d’une condamnation à trois ans d’inéligibilité, six mois de prison avec sursis et 5 000 d’amende pour prise illégale d’intérêt dans la SPL SUDEC gérant les déchets dans la Casud.

Comme toujours – pour ceux qui le connaissent ou qui l’ont côtoyé – l’homme bien qu’ayant une poigne de fer et étant très dur en affaire, a plutôt écouté son cœur que sa raison en embauchant Christelle Mondon, sœur de sa deuxième adjointe Laurence Mondon pour diriger cette société publique locale.

Bien qu’ayant fait appel, cette décision judiciaire est suspendue sur sa tête comme une épée de Damoclès.

Si elle venait à être confirmée par la Cour d’appel ou en Cassation, André Thien Ah Koon, devrait donc laisser à nouveau sa place… Mais à qui ?

La question reste en suspens bien que…

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