Lutte contre les sectes : l’État s’engage
Les sectes pullulent en France. Ce qui fait dire à Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’État chargée de la citoyenneté et de la ville » Les dérives sectaires ont profondément évolué depuis de nombreuses années. Aux groupes à prétention religieuse s’est ajoutée une multitude de groupes ou d’individus qui investissent les champs de la santé, de l’alimentation, du bien-être, mais aussi du développement personnel, le coaching ou la formation. Des « gourous 2.0 », manipulateurs isolés ou autonomes, diffusent désormais leur doctrine sur les plateformes numérique et fédèrent autour d’eux de véritables communautés.
La crise sanitaire, avec ses périodes de confinements, et les conditions économiques et sociales difficiles, ont favorisé l’émergence de discours qui exploitent l’isolement et remettent en question la science et la crédibilité des autorités.
Face à ces constats et à l’augmentation croissante des signalements, le Gouvernement a souhaité apporter une réponse forte en adaptant l’organisation et la capacité de réponse de l’État.
Lors des Assises nationales de lutte contre les dérives sectaires, un diagnostic partagé par toutes les parties prenantes a été établi. Des propositions fortes et consensuelles ont débouché sur une stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires. Elle sera piloter par la miviludes […] ».
Dans le cadre de cette lutte contre les dérives sectaires, l’État va donc « prévenir plus efficacement les risques, mieux accueillir et accompagner les personnes subissant ou ayant subi une expérience sectaire, renforcer l’arsenal juridique pour lutter contre ces phénomènes [..] »
Ainsi un délit autonome est établi en vue de réprimer […] le fait même de placer ou de maintenir une personne dans un état de sujétion psychologique ou physique » avec des circonstances aggravantes. Dans la foulée, une procédure d’agrément ministériel permettra d’autoriser des associations d’aide aux victimes d’exercer des droits reconnus à la partie civile pour des faits commis dans le cadre d’un mouvement à caractère sectaire. Actuellement la seule association reconnue d’utilité publique pouvant agir en justice est l’UNADFI.
L’autorité étatique va en outre créer un nouveau délit de provocation à l’abandon ou l’abstention de soins ou à l’adoption de pratiques dont il est manifeste qu’elles exposent la personne visée à un risque grave ou immédiat pour sa santé.
Des mesures qui paraissent d’autant plus nécessaires que les sectes pullulent tellement en France qu’entre 2020 et 2021 les signalement ont augmenté de 33 % et de 86 % entre 2015 et 2021.
Seulement pour l’année 2021 il y a eu 4 020 signalement à la mivilude alors qu’entre 2020 et 2021 les saisines s’élevaient à 31 379.