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600 000 € de fonds publics pour une Société par Action Simplifiée privée

La Réunion est tombée sur la tête. Alors même que plusieurs entreprises réunionnaises connaissent de grosses difficultés, la Région Réunion vient d’octroyer, via sa commission permanente 600 000 € de fonds public à la SAS le Quotidien.

Ce journal de presse écrite qui n’est plus lu que par certains habitués et surtout des personnes d’un certain âge connait de grosses difficultés financières au risque de devoir baisser le rideau s’il ne se manifeste aucun repreneur.

Une intervention de la Région Réunion d’autant plus ubuesques lorsque l’on sait que la ministre de la culture Rima Abdul Malak fait savoir selon Imaz Press « qu’il y a une procédure de liquidation pour laquelle le ministère de la Culture (NDR : L’État) ne peut pas directement intervenir » et ce d’autant plus que dixit la ministre «Même si on avait pu mettre plus d’argent ça n’aurait pas suffi à empêcher la liquidation […] ».

Une subvention publique de de 600 000 € pour maintenir une société privée qui risque de disparaitre et qui fait que les Réunionnais sont en droit de demander où se trouve la logique et ce d’autant plus que le JIR a aussi fait cette demande.

Si la Région Réunion y répond favorablement, c’est deux entreprises privées qui auront à eux deux réussi à extirper des caisses de l’État la coquette somme de 1 200 000 €.

Il faut dire que la fièvre des communicants constitués par les entreprises de presse à contaminer tout esprit critique à La Réunion et fait perdre de leur objectivité les dirigeants qui croient pouvoir dilapider l’argent public au grand dam des Réunionnais.

Devant l’urgence d’une situation qui ne relève que du privé, la Région Réunion a repris le leitmotiv des rédactions concernées tel que « patrimoine réunionnais » pour se prévaloir d’une légitimité.

S’il était vrai que ces organes de presse faisaient partie du patrimoine réunionnais, les Réunionnais eux-mêmes s’y seraient abonnés depuis longtemps. C’est peu dire, que les Réunionnais n’en ont rien à foutre sauf à écouter ceux qui écrivent en ce sens.

Ils n’en n’ont rien à foutre du seul fait que chaque matin, les Réunionnais dont beaucoup sont sous le seuil de pauvreté tentent de trouver pitance sans attendre rien de la Région Réunion ou de la presse en général.

Ils n’en ont rien à foutre car bon nombre d’entre eux sont au chômage. Ils n’en ont rien à foutre car beaucoup d’entre eux vivent avec les minima sociaux.

Ils n’en ont rien à foutre car l’information aujourd’hui, ils la font eux-mêmes sur les réseaux sociaux. Des informations souvent reprises en dernière main par la presse dite professionnelle.

Ils n’en ont rien à foutre car derrière le leitmotiv de pluralité de la presse, les Réunionnais peuvent toujours lire Réunion la 1ère, Imaz Press (qui d’ailleurs n’a jamais gagné semble-t-il de subventions), Zinfo974, Freedom qui marquent bien qu’il y a toujours une pluralité de presse locale.

Ils n’en ont rien à foutre car ils savent pertinemment qu’un journal subventionné est un journal acquis à la cause de son bienfaiteur et que l’argent achète l’objectivité des rédacteurs pour ne pas dire des rédactions comme la mafia achète tout.

Ils n’en ont rien à foutre car ils savent que si c’était leur entreprise, la Région Réunion n’aurait pas levé le petit doigt. En effet, combien d’entreprises réunionnaises se sont trouvées sur le carreau sans que la Région Réunion n’intervienne ? Combien d’entrepreneurs font face aujourd’hui à la justice, ruinés et sans avenir ? Combien ont du mal à régulariser leurs dettes auprès des organismes sociaux ?

Suffit-il d’annoncer qu’on est un organe de presse pour pouvoir bénéficier des largesses d’une collectivité qui relève de l’État.

Dans une démocratie comme la nôtre, il ne peut y avoir deux poids deux mesures. Et la démocratie est morte lorsque les organes de presse, faute d’une bonne gestion, manipulant les mots et les personnes, en viennent à soutirer l’argent du contribuable pour survivre.

Si cette fièvre de pluralité de presse à fait perdre raison à ceux qui y ont à gagner, en l’occurrence la Région Réunion et certaines presses réunionnaises dont on sait les ramifications au sein des institutions locales elles-mêmes et qui se trouvent en difficulté, il ne faut pas croire qu’elle a fait perdre en objectivité l’ensemble des Réunionnais et ce d’autant plus comme le révèle Freedom de 2016 à 2021, la Région Réunion avait déjà donné des subventions à hauteur de 5 321 618,64 € en faveur du JIR et 3 461 315,12 € pour le Quotidien, soit la coquette somme de 8 782 933,76 € pour des journaux privés mourants.

En effet, comme disent les Réunionnais, « Moun vilin nenkor, moun kouyon na pu (Des gens moches il y en a encore, mais des gens couillons il n’y en a plus) ».

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