Tribune

Liberté pour les Chagossiens

En 1963, il y a 60 ans les autorités Britanniques qui s’apprêtaient à quitter l’île Maurice en mars 1968 ont rétrocédé aux États-Unis un petit archipel perdu au milieu de l’Océan Indien qui ne connaissait que le bruit du vent dans les arbres : l’archipel des Chagos. La transaction s’est conclue en échange de l’achat de missiles POLARIS pour leurs sous-marins nucléaires. Les Anglais ont ainsi donné à bail, pour 50 ans, un bout de l’île Maurice aux américains.

Et ceux-ci en ont fait la plus grande base aéronavale hors du territoire des États-Unis avec un port militaire en eaux profondes et une base aérienne pouvant accueillir les fameux bombardiers B52. C’est cette base qui a été, par exemple, beaucoup utilisée par les Américains après le 11 septembre 2001 dans leur guerre contre l’Afghanistan. Toujours est-il qu’entre 1963 et 1973 la Grande Bretagne a méthodiquement vidé l’archipel de toute présence humaine jusqu’aux chiens des Chagossiens misérablement tués.

L’île Maurice a décidé il y a quelques années de se battre sur le terrain judiciaire afin de, d’abord récupérer cette parcelle de territoire, afin aussi de permettre le retour des Chagossiens à la maison. Pressé et motivé par Monsieur Louis Olivier Bancoult, militant Mauricien et Britannique d’origine Chagossienne, l’île Maurice a installé différentes procédures devant les juridictions internationales.

C’est ainsi que, successivement, la Cour Internationale de Justice (Lahaye) et le Tribunal International du Droit de la Mer (Hambourg) ont jugé que l’archipel des Chagos faisait partie intégrante de Maurice et que la Grande Bretagne devait lui restituer ce territoire.

Mais les Anglais trainent les pieds à exécuter ces décisions de Justice. Et en droit international « la souveraineté se pose en s’opposant » (Professeur Pierre Marie Dupuy). Conseillé par un avocat international de renom Maître Philippe Sands (Voir son ouvrage de référence sur la question: « La dernière colonie » ) Maurice a gagné la bataille du droit.

Ainsi la force du droit est en passe de vaincre le droit de la force. Reste à gagner la bataille de l’opinion. Sous l’impulsion de Monsieur Olivier Bancoult président du Groupe des réfugiés des Chagos, quelques responsables politiques notamment Mauriciens et Réunionnais ont embrassé cette cause se laissant convaincre par sa noblesse mais aussi par la force de persuasion de cet homme humble, jovial et déterminé qui rappelle qu’il est descendant d’esclave.

Il serait injuste de ne pas citer le premier soutien Réunionnais des Chagossiens que fut Paul Vergès. En songeant aux Chagossiens il me revient aussi en mémoire la belle expression de Monseigneur Aubry évoquant « la communauté de destin » entre les peuples de l’Océan Indien. Ce combat pour la liberté de la dernière colonie pourrait être relayé par la Région Réunion comme l’a d’ailleurs réclamé Ary Yee-Chong-Tchi-Kan dans une récente tribune libre.

L’opposition régionale sous ma plume sollicite aussi que cette question soit inscrite à l’ordre du jour de la commission de l’Océan Indien (COI) afin que les Chagossiens recouvrent enfin leur liberté.

Jean-Jacques MOREL
Conseiller régional de l’opposition

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