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Le maloya, une danse déracinée, une culture morte

Inscrit au patrimoine immatériel de l’UNESCO le 1er octobre 2009, le maloya, musique et danse acquises par les ancêtres esclaves des Réunionnais s’assurait une survie au sein des différents courants musicaux du monde. Nominé ainsi par de hautes instances, le maloya pensait échapper à l’oubli.

Foutaise. S’il est des moments où est mise à l’honneur cette musique, notamment lors des festivités du 20 décembre qui constituent sur le territoire réunionnais l’abolition de l’esclavage où bon nombre d’hypocrites se rassemblent pour faire croire en une « réunionnité » aiguë, il va sans dire que le maloya s’est transformé au fil du temps et que sa danse est devenue une cadence plus qu’une transe.

Déjà, mis à part les anciens, notamment Danyel Waro qui perpétue la tradition, le maloya avec la nouvelle génération s’est tout simplement dénaturé. On parle de maloya électrique, de maloya-rock, de malogué (maloya-reggae), maloya-fusion, maloya-jazz et le tout chanté par des artistes « professionnels ».

Le pire, ce sont les pas de danse de cette musique qui sont tout simplement travestis en des chorégraphies qui sont des non-sens pour une danse issue de l’esclavage. Ainsi, les « professionnels » du maloya pour plaire aux touristes et aux maisons de musiques imaginent des mouvements et surtout une cadence au millimètre prés répondant à la modernité.

Pourtant, sauf à s’ignorer eux-mêmes et l’histoire de ceux qui l’ont transmis, le maloya se danse avec le cœur et le ressenti, au rythme des instruments traditionnels et sur la voix lancinante du chanteur qui exprime un vécu. C’est une danse libre de tout enchaînement. Il ne peut exister de chorégraphies. Il suffit de voir les anciens pour s’en rendre compte. Ceux-ci lors des kabars se laissent emporter par la musique et dansent sans se soucier de faire comme l’autre même si au demeurant certains pas sont les mêmes.

Le summum de l’imbécilité est atteint, lorsque les danseurs oublient tout simplement d’enlever leurs chaussures pour danser. En effet, issu de l’esclavage, ceux qui s’y adonnaient non seulement n’avaient pas de chaussures du fait de leur état d’esclave mais qui plus est, était en communion avec la terre.

Le maloya est sauvé… Non. Il s’est tout simplement transformé en un quelque chose qui n’a plus rien à voir avec ce qu’ont légué les anciens même si des soubresauts se font entendre chez certains jeunes lors de rencontre entre potes ici et là.

Il s’est déraciné. Et comme tout arbre qui ne sait où accroché ses racines, le maloya est tout simplement mort pour ne pas avoir su maintenir fermement ses origines.

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