Pèlerinage des 9 crèches avec la famille Dijoux, un pélerinage typiquement réunionnais

Il y a beaucoup de pèlerinages de par le monde. Mais il n’existe qu’une seule qui s’appelle le « Pèlerinage des 9 crèches » et celle-ci relève uniquement de La Réunion.

Terre de croyance et de foi, ce pèlerinage est né il y 50 ans. Qui en est à l’origine, on ne saurait le dire. Mais la possibilité de faire ce pèlerinage des 9 crèches n’est pas sans l’avènement du tout véhicule dans le département. En effet, si ce pèlerinage est réalisable en une seule journée c’est qu’on a vite fait de faire le tour du département si tant est qu’on est correctement véhiculé.

En quoi consiste ce pèlerinage ? Il vient après les festivités de Noël. Il s’agit pour les croyants de se rendre dans 9 églises qu’ils auront préalablement choisies pour aller prier.

D’aucuns laissent entendre que les pèlerins s’adonnent à une dizaine de chapelet. Rien n’interdit aux croyants de le faire. Mais il est faux de le laisser croire que c’est une obligation. En effet, la plupart des pèlerins font seulement une prière devant la crèche et certaines de ces prières sont étroitement liée au saint patron ou sainte patronne de l’église visitée.

C’est aussi l’occasion pour les pèlerins qui le souhaitent de déposer une rose blanche au sein de l’édifice religieux. Une offrande en soit qui serait de la plus pure intention.

C’est aussi le moment d’apprendre davantage sur le lieu de culte visité et les saints ou saintes qui le patronnent.

Dans le cadre de ce pèlerinage, nous avons suivi dans leur pèlerinage la famille Dijoux. Celle-ci a visité dans un premier temps l’église du Saint-Esprit sur Le Trois Mares à Le Tampon, puis s’est rendue à l’église Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus sur La Plaine des Cafres avant de glisser vers l’église Sainte-Agathe à La Plaine des Palmistes. Ceci fait, la voilà repartie vers l’église de Sainte-Anne dans la ville éponyme puis l’église Saint-François Xavier à Sainte-Marie juste avant de bifurquer vers la Trinité à Mongaillard. Ces trois autres églises visitées, le pèlerinage s’est dirigé vers à Saint-Leu pour se rendre à l’église de La Salette. Après une courte pause, celle-ci a repris la route vers l’une des trois plus grandes églises du monde à savoir celle de Saint-Louis pour finir sa course à l’église Saint-Augustin à La Ravine des Cabris de Saint-Pierre. Un demi-tour de l’île pour honorer Dieu

Un périple qui a permis à Christian d’évoquer l’histoire religieuse de ces lieux sacrés à ceux qui l’accompagnaient et pour nous de connaitre encore plus sur l’histoire de ces édifices religieux du moins en fonction des éléments à notre disposition.

1- Visite à l’église du Saint-Esprit à Trois Mares

L’église du Saint-Esprit à Trois Mares n’aurait jamais vu le jour sans la pugnacité d’un jeune curé, Michel Rochefeuille.

En 1968, celui-ci se rend compte que les catholiques de Trois Mares n’ont aucun lieu de culte à proximité pour pouvoir assister à la messe.

De ce fait, l’église acquiert un terrain près du Chemin Stéphane sur lequel est bâti un hangar. Les catholiques du secteur peuvent dès lors envoyer leurs enfants au catéchisme.  Puis avec l’effort de tout un chacun le hangar se transforme en lieu de culte où le 24 décembre 1969, une messe à lieu pour la première fois.

L’édifice est dédié au Saint-Esprit.  Un patronage qui faisait qu’à chaque Pentecôte, affluaient de tout le département des milliers de fidèles.

Mais le temps passe et l’édifice ne répond plus aux impératifs de sécurité pour accueillir une population qui n’a eu de cesse d’augmenter. Le 21 juin 2010 l’ancienne église est détruite et la construction d’une nouvelle église commence le 27 novembre 2010. En octobre 2011, la construction est terminée et Monseigneur Gilbert Aubry la consacre.

Une métamorphose qui permet depuis aux catholiques d’assister à divers offices religieux où comme ce jour de venir voir la crèche avant qu’elle ne soit démontée.

2- Visite à l’église de Sainte-Thérèse de Lisieux de La Plaine des Cafres

Avant qu’elle n’ait l’aspect qu’on lui connait, l’église de Sainte-Thérèse n’était qu’une chapelle. On la nommait chapelle du Camp Militaire. Elle fut inaugurée le 3 novembre 1867.

Elle sera détruite par le cyclone du 10 mars 1928 avant d’être reconstruite en pierre de taille et à nouveau consacré le 15 février 1931

En 1951, l’édifice est agrandi pour atteindre 30 m de long sur 20 m de large.

Sa patronne est Sainte-Thérèse de l’enfant Jésus. Une carmélite née le 2 janvier 1873 et décédée à 24 ans de tuberculose le 30 septembre 1897 à Lisieux. Cette religieuse fut béatifiée en 1923, canonisée en 1925 et déclarée sainte en 1927.

L’église qui se trouve à La Plaine des Cafres est tout simplement magnifique.

3- Visite à l’église de Sainte Agathe à La Plaine des Palmistes

L’édification de cette église est précédée par la construction d’une petite chapelle en 1852 avant d’être transformée en église en 1858 un an après que Monseigneur Armand-René Maupoint, évêque de La Réunion n’érige La Plaine des Palmistes en paroisse le  le 21 novembre 1857.

L’église de Sainte-Agathe telle que nous la connaissons a été édifiée à partir de 1969. Elle se démarque par sa forme circulaire et son clocher excentré.

 Selon la légende hagiographique associée à Sainte Agathe, la patronne de l’église de La Plaine des Palmistes, cette sainte aurait été une martyre. En effet, magnifique est belle, le préfet romain de Sicile était tombé fou amoureux d’elle et aurait tenté de la séduire.

Mais Sainte Agathe aurait refusé ses avances. Fou de rage il la fit mettre dans un lupanar pour qu’elle soit soumise à la prostitution. Après cette humiliation, la légende raconte qu’elle fut attachée à une colonne pour qu’on ne lui arrache les seins avant qu’on ne la jette en prison. Malgré tous ses malheurs, l’hagiographie fait état de guérisons ce qui eut pour conséquence qu’elle soit trainée sur des charbons ardents jusqu’à ce qu’elle en meure.

On dit que sa mort fut suivie de tremblement de terre et qu’un an après sa mort l’Etna entra en éruption. Pour se prémunir des laves, la légende raconte encore que les habitants de Catane s’emparèrent du voile recouvrant la sépulture de la sainte et la mise devant les coulées qui s’arrêtèrent aussitôt.

4– Visite de l’église de Sainte-Anne dans la ville éponyme

L’église de Sainte-Anne est une église qui se démarque des autres églises de La Réunion. Son architecture donne à voir un style baroque. Des moulures viennent agrémentées son architecture.

Elle fut érigée en 1857. Mais pas sous la forme qu’on lui connait. L’architecture telle qu’elle donne à voir relève de la volonté du Père Daubenberger en 1922. C’est cet homme d’église qui procéda à la rénovation de l’église Sainte-Anne et qui décida des détails qu’on peut y voir, des moulures qui l’ornent.

A l’intérieur de cette église se trouve la chapelle Sainte-Thérèse qui est inscrit aux monuments historiques.

Sa patronne Sainte-Anne n’est autre que la mère de la Vierge Marie et, par conséquent, la grand-mère de Jésus Christ dans la tradition catholique.

5- Visite de l’église Saint-François Xavier à Sainte-Marie

C’est une église étroitement liée à l’esclavage. Elle fut érigée par les esclaves de juin 1840 à septembre 1841 sous l’impulsion de l’abbé Monet.

En 1979, deux ailes lui furent rajoutées.

Son patron Saint-François Xavier était un missionnaire jésuite espagnol du XVIe siècle, né le 7 avril 1506 à Javier, en Navarre (Espagne), et mort le 3 décembre 1552 sur une île au large de la côte chinoise. Il est l’un des membres fondateurs de la Compagnie de Jésus, également connue sous le nom de Jésuites.

François Xavier est surtout connu pour son travail missionnaire intense en Asie, particulièrement au Japon et en Inde. Il a été l’un des premiers compagnons de saint Ignace de Loyola, le fondateur de l’ordre des Jésuites, et a été l’un des premiers missionnaires jésuites à être envoyé en mission.

Saint-François Xavier est également connu pour ses tentatives de mission en Chine. Malheureusement, il mourut avant de pouvoir réaliser pleinement ses projets missionnaires dans ce pays.

Il a été canonisé par le pape Grégoire XV en 1622.

6- Visite de Notre de la Trinité à Mongaillard

Dans les années 1960 il n’y a pas de grands moyens pour construire de toute pièce une église. Ici aussi la première église est construite le 5 décembre 1961 en bois de filaos. Son architecture et matériaux utilisés ne lui permettent pas de résister au cyclone Jenny.

 Ce n’est pas en soi une défaite pour les catholiques, puisque le 5 juin 1966 une nouvelle église sort de terre. Celle-ci est financée par des dons. Elle a été construite par des bénévoles du quartier, des artisans, de pères et mères de famille et grâce à la ténacité du Père Grienenberger alors curé de la paroisse de Saint-Jacques.

Sa patronne est Notre Dame de la Sainte Trinité. Il faut comprendre ici la Vierge elle-même qui si l’on reprend les écrits de Sainte Mechtilde une sainte de XIIIème siècle évoque l’exaltation de la puissance de Dieu, la sagesse du Christ dont elle a été la mère, et la miséricorde de l’Esprit-Saint qui lui fut accordée.  

7- Visite de l’église de Notre Dame de la Salette à Saint-Leu

Elle fut construite en 1790 et consacrée en 1858 par Monseigneur Maupoint. Elle est construite en pierres de taille noires avec une charpente en bois minutieusement structurée. L’église est étroitement liée à la chapelle la surplombant.

L’église de Notre Dame de la Salette est liée à une épidémie de choléra qui frappa le département de La Réunion en 1859.

En effet, la peste touchait La Réunion de plein fouet faisant des milliers de morts sur le territoire. Devant cette catastrophe, le père Louis Saissac qui avait été ordonné prête le jour de l’apparition de la Vierge à la Salette en Isère, promis le dimanche 10 avril 1859, si sa paroisse était épargnée d’édifier une chapelle en son honneur.

Son souhait fut semble-t-il exaucé puisque le choléra, dit-on s’arrêta aux portes de la ville et personne sur cette portion de territoire ne fut touché par la peste.

Le père Louis Saissac honora sa parole et avec l’aide des paroissiens érigea une chapelle en l’honneur de Notre Dame de la Salette.

Notre Dame de la Salette quant à elle est liée à celle deux enfants, des petits bergers, Mélanie Calvat et Maximin Giraud âgés respectivement d’environ 15 et 11 ans, qui ont dit avoir vu la Vierge le 19 septembre 1846 en haut du village de la Salette. Cette madone, lors de son apparition dans une lumière éblouissante était en pleurs lorsqu’elle s’est adressée à eux pour les prévenir des disettes à venir et des conduites à tenir.

8- Visite à l’église de Saint-Louis

L’église de Saint-Louis est un trésor à La Réunion. Elle fut érigée en 1866 et constitue l’une des trois plus grandes églises du monde. En effet les deux autres plus grandes églises du monde se situent à Saint-Louis du Sénégal, l’autre à Saint-Louis du Missouri aux USA. En ce qui concerne l’église de Saint-Louis de La Réunion, elle mesure 25 mètres de haut pour 1 000 m² de superficie.

L’église se situe au centre de l’ancienne place d’arme de la ville de Saint-Louis. C’est Monseigneur Desprez qui le 12 juin 1853 pose la première pierre de l’édifice selon le plan de l’ingénieur communal Lambert.

Selon le site de la ville de Saint-Louis « Sur la façade, des pilastres de basalte rythment l’élévation et la divisent en trois parties, ordonnancement repris sur les façades latérales. Placées au-dessus de deux écussons, les grandes baies vitrées en ogives encadrent l’entrée, elle-même entourée de quatre niches. Celles du rez-de-chaussée possédaient autrefois des statues polychromes, aujourd’hui disparues. Terminé en 1872, le beffroi est une source d’inspiration pour les curés de la région lors des travaux d’embellis. […] Il compte en tout 69 m de long sur 25 m de large dont un vaisseau de 45m sur 23 m ».

Son patron Saint-Louis n’est autre que le roi de France Louis IX dit Prudhomme né le 25 avril 1214 et décédé le 25 août 1270.

Ce roi qui régna plus de 43 ans se laissera inspirer des valeurs chrétiennes et donna à croire que les pouvoirs spirituels et politiques pouvaient être concentrés en un seul homme. Il veillera a atténuer les excès de la féodalité et développera la justice royale. Réformateur, il veut que la justice soit appliquée le plus équitablement possible et pose la présomption d’innocence. Il atténue l’usage de la torture, interdit l’ordalie et la vengeance privée et met en place la possibilité de faire appel entre autres mesures.

Le roi Louis IX est un roi très pieux qui non seulement construit des églises, hospices et abbayes mais vient en aide aux plus miséreux.

Après une grave maladie dont il serait guéri miraculeusement il part en croisade. De retour, il pense que son échec est dû à l’immoralité de son royaume et décide de punir le blasphème, les jeux d’argent, les prêts à intérêts et la prostitution.

Pour saint qu’il soit, le roi Louis IX n’en demeure pas un inquisiteur à l’égard des Juifs. En effet, dans son royaume il ne veut que des chrétiens. De gré ou de force il tente de les convertir. Pour les distinguer des autres citoyens, il leur impose la rouelle, cette petite pièce d’étoffe dont le port ostensible permet aux autres citoyens de le reconnaitre. Un peut comme les nazis avec l’étoile jaune lors de l’avènement d’Hitler.

Il meurt lors de la huitième croisade. Les dernières analyses réalisées en 2019 laissent entendre qu’il aurait été atteint de scorbut.

Malgré sa politique à l’égard des Israélites, il fut canonisé le 11 août 1297 par le pape Boniface VIII.

9- Visite à l’église Saint-Augustin de La Ravine des Cabris à Saint-Pierre

L’église a été construite en 1857 dans la même année où s’est créée la paroisse. En 1948, soit 91 ans plus tard, est détruite par un cyclone.  Mais comme rien n’arrête la foi, celle-ci est reconstruite.

Son patron est Saint-Augustin connu sous le nom d’Augustin d’Hippone. C’était un philosophe et théologien chrétien d’origine berbère, né en 354 à Tagaste (actuelle Souk Ahras, en Algérie) et décédé en 430 à Hippone (aujourd’hui Annaba, en Algérie). Il est l’une des figures les plus influentes de la pensée chrétienne et a exercé une profonde influence sur la théologie occidentale. L’église catholique le reconnait comme l’un des trente-sept docteurs de l’Église bien qu’il eut une vie dissolue avant sa conversion.

Avant sa conversion, il était en concubinage et avait un fils Adeodatus, né vers 372 et qui mourra jeune.

Après sa conversion au christianisme, il renonça à ses engagements antérieurs et embrassa la vie monastique et le célibat. Il devint prêtre, puis évêque d’Hippone.