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Au nom de la Terre !

Génération Écologie exprime son émotion après le décès d’une agricultrice (et de sa fille) dans des circonstances tragiques sur un barrage routier.

Plus largement, nous témoignons de notre soutien à la colère du monde paysan. Le modèle productiviste détruit la nature tout autant que les femmes et les hommes qui sont des travailleuses et travailleurs de la Terre.

En France, près du tiers des agricultrices et agriculteurs ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. 

Comme le souligne Nina Géron, membre du Collège Exécutif de Génération Écologie, le modèle productiviste épuise les sols, provoque l’effondrement de la biodiversité et tue les humains. Celles et ceux qui nous nourrissent et produisent notre alimentation exercent la profession où il y a le plus de burn-outs, où se produisent deux suicides par jour, où les maladies professionnelles liées aux pesticides sont, pour la plupart, non-reconnues. Ils sont victimes de la course folle à la croissance, à la dérégulation mondiale, à la mise en compétition des agricultrices et agriculteurs du monde entier, à la disparition des cultures vivrières au profit du culte de la malbouffe.

S’y ajoute l’incompétence du gouvernement : retards de versement des aides PAC, absence de compensation des pertes liées au réchauffement climatique (sécheresseinondations, dégâts dus aux cyclones à La Réunion…), complaisance à l’égard de la profitation des oligopoles de l’agroalimentaire, complexité administrative et abandon de la ruralité. Le pouvoir actuel a aussi tourné le dos à tous les engagements pris lors des États généraux de l’alimentation et organisé la liquidation des soutiens publics à l’agriculture biologique qui représente la seule perspective d’avenir.

Nous ne sommes pas dupes de la manœuvre du gouvernement et des habituels promoteurs de l’agrochimie, adeptes des traités de libre-échange, qui cherchent à orienter les revendications légitimes sur le revenu agricole, la régulation du marché et les conditions de travail, vers un mouvement de dénonciation de la « contrainte écologique ».

Il existe au contraire une communauté d’intérêt entre les citoyennes et citoyens qui aspirent à une alimentation saine, produite localement, accessible à toutes et tous, et les planteurs et les éleveurs. La France et ses Outre-mer doivent relocaliser leurs alimentations, dénoncer les accords de libre-échange, plafonner les marges de l’agro-alimentaire, créer des milliers d’emplois agricoles par le changement des pratiques et la sortie des pesticides et des engrais pour s’adapter au changement climatique par des solutions fondées sur la nature. L’ambition doit être de réconcilier nature et agriculture. 

Pour reprendre les termes de Bruno Latour, il est temps pour notre société d’« atterrir » et de redevenir terrestre par la reconnaissance due au monde agricole !

Vincent Defaud, Responsable Outre-Mer pour le Conseil National de Génération Ecologie

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